Toucher, bouger, être touchéE en pleine liberté
Introduction aux valeurs Queer
Bonjour à tous
Il reste des places pour l’atelier que donneront Sarah et Aurore en février.
Ne le manquez pour rien au monde ! Deux jours de danses et de partages, d’interrogations et de pistes nouvelles à explorer… avec des femmes incroyables, passionnantes qui viendront questionner ce qu’on ne questionne presque jamais dans l’univers du contact…
Pour s’inscrire, voir ci-dessous après le descriptif de leur proposition.
Nous proposons de vivre le contact physique comme un ouverture vers tous les possibles du mouvement. Ceci implique d’identifier et choisir chaque toucher, autant initié que reçu. L’accepter ou pas quand je le reçois, le transformer, l’enrichir ou lui trouver une fin ; être conscientE de mon propre toucher et tout ce qu’il embarque (poids, rapidité, intention, émotions…).
Le CI est une communication non verbale, nous cherchons à affiner ses outils et ouvrir des espaces de paroles là où le non verbal peut encore prêter à confusion, selon l’expérience et le vécu de chaque personne et chaque instant.
Les ingrédients de communication improvisée que notre approche invite à visiter pendant ces deux jours sont :
La conscience du groupe,
L’écoute de soi,
L’écoute de l’autre,
L’exploration de nos bizarreries et singularités,
La dynamique de duo, focus sur « liberté et équivalence » (équivalence car nous sommes différentEs mais apportons chacunE à la danse et en chaque moment, donc à valeur égale, valeur souvent amenée par nos différences !),
Nous voulons explorer ceci transversalement à l’attention constamment portée à ce que signifient intimité et sécurité ; au RDV continu donné en territoire d’audace et joie !
Parmi les outils techniques, nous voyagerons dans de nouvelles formes de mouvement focalisées sur le poids, le contrepoids et les spirales. Comment se reçoit l’information tactile ? Où se trouve la liberté de mouvement ? Jusqu’où j’écoute et qu’est-ce que j’écoute ? Où est-ce que je te rencontre dans l’architecture invisible de ce que nous partageons ? Quel est notre timing ? …
Enfin, le choix du Queer est plus largement explicité dans notre « note d’intention ». Nous y trouvons des questions et réponses communes (à nous deux), sur l’aspect communicationnel de l’improvisation, dans la résistance aux standards (sociaux, performatifs, esthétiques, artistiques et même de danse) et l’affirmation de la diversité des corps dans leur représentation et le mouvement comme une richesse : le « contre-courant » en outil de création et volonté d’égalité par l’inclusivité.
Notre invitation pour ce week-end se résume dans l’expansion de nos perceptions à la découverte des infinies possibilités de la magie d’une Danse Partagée.
Sarah Gottlieb
Originaire de Chicago (USA) réside actuellement à Madrid. Elle oriente et spécialise tant son travail de danseuse, chorégraphe, que celui de pédagogue, autour de la rencontre entre improvisation et féminisme. Sa recherche dans le mouvement se base sur l’anatomie expérientielle et les voies que cette forme d’écoute ouvre à l’exploration du corps par le corps.
Sarah enseigne régulièrement dans des ateliers de danse Contact Improvisation, et intervient également dans le cadre de JAMs et festivals à Madrid et aux Etats-Unis, au sein du West Coast Contact Improvisation Jam en Californie, notamment.
En 2015-2016, Sarah aura été directrice artistique de GLACIER : l’évènement le plus important et « historique » du Nord USA. Elle a aussi donné moult classes et cours en Universités ainsi que dans les collèges et écoles. Elle a enfin collaboré à nombreux projets féministes, non violents, anti-violence et des projets environnementaux, en tant que pédagogue et construisant des ponts vers chaque thématique, depuis le mouvement.
Aurore Valverde
Elle a été intervenante sociale à l’étranger (développement durable) et activiste de terrain en France (autour des questions de genre et de migrations), puis comédienne et enfin danseuse. Aujourd’hui elle solidifie les ponts entre ses convictions politiques, ses engagements personnels et sa vie artistique. Fascinée par ce que les corps enseignent : le sien, les autres… en danse et ailleurs, elle challenge les concepts d’accueil et d’assimilation : il ne suffit pas de ne pas exclure ; il faut inclure tout le monde dans Le Groupe et tout notre être dans nos danses. Pour Aurore, écouter et recevoir sont des actes, non des états (passifs).
Théâtre et Arts Martiaux sont ses influences, la Nature sa source de mouvement et, à mesure qu’elle cherche et trouve sa danse, elle commence à mettre en partage ses questionnements autour de la communication des corps, leur intégrité et leurs libertés individuellement ou ensemble. Elle performe et donne des ateliers en France et en Espagne, désireuse de proposer chez elle, en plein rural, la même qualité artistique et pédagogique qu’elle trouve dans certaines villes.
Sarah et Aurore se sont connues lors d’un festival autogéré et itinérant de CI l’été dernier, d’emblée elles ont eu envie de travailler ensemble, d’abord à Madrid puis dans le Tarn. Ce week-end sera l’occasion de leur seconde collaboration pédagogique.
Toutes les deux partagent une conscience féministe et une sensibilité Queer qu’elles souhaitent mettre au service du CI pour que nos jams soient ENCORE PLUS LIBRES grâce à une communication plus claire entre toutes les personnes engagées dans/par la danse partagée.
Informations pratiques
Le stage sera donné en français et anglais (Sarah parle anglais, Aurore français et anglais et elle traduira)
Pour aller plus loin :
Pourquoi le Queer et ça veut dire quoi ?
La proposition de cet atelier répond au besoin que nous observons en jams d’être mieux écoutées et de savoir nous faire mieux entendre pour ne jamais réduire le plaisir de la danse ou la spontanéité de l’impro. Dans sa définition, le CI implique un toucher désexualisé et sa pratique est non genrée. Cependant, il arrive encore souvent que des qualités de toucher dérangent (sans le vouloir et même sans le savoir) et que des rôles s’imposent (lead/follow, porteur/voltigeuse, pantin/marionnettiste…). Si ces touchers et ces rôles sont des choix, nous cherchons à les clarifier pour toutes les personnes concernées. Souvent, ils sont reproduits de manière inconsciente et nous souhaitons partager des outils pour identifier les limites qu’ils posent afin de pouvoir les déconstruire ou jouer avec en toute sécurité/intégrité.
La Queer Culture pourrait se résumer en un mouvement social du quotidien dans lequel nous ne nous ressemblons pas et nos singularités mêmes sont notre outil commun contre la norme lorsqu’elle tend à nous formater/dominer, nous faire taire ou vivre une autre vie que la nôtre. Elle est donc basée sur le refus des normes arbitraires (ex. les danseuses sont sveltes).
Nous savons que le CI est né dans la dissidence et propose une pratique non normée, nous observons en parallèle que, assez naturellement et sans mauvaise intension, des standards sont déjà venus codifier implicitement nos jams et la plupart des performances (duo homme-femme, référence à la verticalité comme « axe majeur », touchers dirigeants, etc.).
Le Queer valorise le « contre courant » par la bizarrerie, la singularité et pour l’intégrité de chaque personne. Il nous aide à déconstruire la représentation du « corps parfait » et du corps de danseur/euse. C’est également un courant de pensée au sein duquel la sensibilité personnelle est traitée comme un atout et non une faille : être pleinement soi pour être pleinement ! Toutes les sensibilités sont bienvenues, hors de toute hiérarchie.
Par ailleurs, la « Queer Theory » est un mouvement politique (peu relayé par chez nous) qui propose
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Un changement des paradigmes sociétaux avec l’évolution de notre Justice sociale, attestée par l’amélioration du quotidien des personnes oppressées (historiques et/ou contemporaines). Exemple : Nous sommes FEMINISTES !
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De nouveaux outils politiques et linguistiques (recherche en cours depuis un demi siècle) pour favoriser la liberté et la sécurité des personnes Queer (comprendre « hors norme », LGBT par exemple mais pas que : aussi les personnes en situation de handicap, issues de l’immigration, en situation post-traumatiques ou de marginalité…) qui pâtissent ou ont pâti de toute sorte de discrimination directe et indirecte (sempiternelle thématique de l’exclusion).
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Une déconstruction totale du patriarcat pour pouvoir étudier depuis une base neutre les différents enjeux autour du genre, de la sexualité et des traditions familiales et relationnelles.
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Une valorisation de tous les corps, dans leur apparence et expressions avec des modèles positifs pour toutes les formes et identités de genre.
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Un réseautage avec les autres mouvements politiques qui partagent ses valeurs dans l’intersection entre toutes les résistances à toutes les dominations (race, sexe, âge, pouvoir d’achat, étiquette socio-professionnelle, etc.)